Le film de la naissance de l’enfant satanique, totem d’une ère nouvelle voit le jour en 1968 au milieu d’évènements troublants. C’est dans l’atmosphère feutrée d’une société new-yorkaise privilégiée que se trame l’abominable machination aux dépends de la mère, innocente victime choisie (la fragile Mia Farrow), peut-être comme symbole d’une Amérique dépassée. Tout le charme de l’époque soutient l’intrigue et on ne tombe jamais dans le gore de mauvais goût. La scène de la cérémonie de la procréation occulte, reste très réaliste malgré l’effet planant onirique entre rêve et réalité de la sacrifiée droguée pour l’occasion. Il semblerait sans que cela n’ai jamais été confirmé officiellement qu’Anton Lavey de l’Eglise de Satan (voir article sur ce blog) ait éclairé la production de ses lumières et incarnerait à titre anonyme le rôle de Satan lors de la cérémonie. Le 09 aout 1969, Sharon Tate la jeune épouse de Polanski enceinte de huit mois sauvagement assassinée, par des membres de la « famille » de Charles Manson (dont Susan Atkins, ex-disciple d’Anton Lavey). semble s’être retrouvée au centre d’une cabale complexe. On ne peut s’empêcher de voir un lien entre le rôle de l’acteur du film qui « vend » sa femme au diable en échange de gloire hollywoodienne et l’histoire de Polanski. A la fin du film la mère accepte du fait d’un instinct maternel inconditionnel de prendre soin de l’enfant monstrueux, sous les yeux attendris de la communauté après qu’ils aient affirmés l’avènement d’un âge nouveau en clamant des « Hail Satan » exaltés. Une façon non dissimulée de cautionner une vision nouvelle faisant appel à une conscience plus vaste libérée du carcan puritain. Peut-être a-t-on voulu « punir » Polanski et tous ceux ayant participé au film et condamner l’enthousiasme qu’il avait suscité. Peut-être est-ce le fait d’un hasard bien orchestré, dans un monde où la fiction ne serait qu’un pale reflet de la réalité.