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ARS TENEBRIS
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Last days (2005) un film de Gus van Sant

Last days (2005) un film de Gus van Sant

 

 

LAST DAYS 5

 

Et non, je n’ai pas envie de parler de ce film parce que ce sont les derniers jours avant suicide, ni parce que « Nevermind » ça fait 20 ans (et alors…) mais parce que ce film est une ode à l’errance méditative inspirée du chaos introverti de Kurt Cobain. Nulle part où aller, rien à faire, juste gouter l’intensité du moment présent, sans but en se laissant aller à tout ce qui peut se passer en soi. Ce n’est pas à la portée de tout le monde…et ce film non plus. Blake incarné par Michael Pitt que l’on a vu aussi dans l’excellent « The dreamers » (Bertolucci 2003), ombre cinématographique de Kurt, est un être silencieux, les yeux fixés sur une béance magnétique et inaccessible, qui se meut au gré d’un courant mystérieux. Pour ceux qui se le demanderaient, il n’y a pas d’intrigue, ce n’est pas un film à la recherche d’indices ou d’hypothèses sur la mort du rocker grunge.

 

LAST DAYS 3

C’est une expérience sensorielle, au rythme lent, aux scènes improbables et à l’humour décalé :la scène d’un vendeur d’espace publicitaire pour l’annuaire téléphonique qui fait son speech très pro bien huilé à un Blake totalement hagard no future est incroyable, spontanée et drôle; les deux personnages aux antipodes l’un de l’autre bien que « communiquant » restent chacun dans leur monde respectif sans faire aucun effort d’adaptation et pourtant ils sont dans la même bulle. Il y a aussi un trip nature, Blake totalement seul dans un environnement idyllique, cascade d’eau, feu de camp à la nuit tombée, on pénètre dans son intimité avec les éléments. L’osmose avec la nature semble être le privilège du solitaire, liberté totale d’être ce que l’on est. Puis il rejoint la demeure, un manoir 19ème, squatté par l’underground, Blake et des connaissances à lui, dont on ne saisit pas le degré d’intimité vu qu’il semble tellement loin, barricadé dans son espace atypique, tout à fait "unplugged". On sent qu’il y a une fracture profonde et grave en lui, mais la souffrance n’est pas dramatisée, elle est seulement explorée dans sa manifestation comme une œuvre d’art. Les dialogues sont minimaux mais gratinés…L’histoire du mec qui veut installer une sorte de réacteur d’avion pour chauffer toute la baraque parce que ça caille, il fallait y penser! Côté bande sonore, la sonnette d’entrée, un son de gros gong comme dans Kung-fu (j’en veux une comme ça), le train, les petits oiseaux, le vent, "Venus in furs" du Velvet underground qui revient comme un leitmotiv pour notre plus grand plaisir (peut-être pour faire un parallèle entre the Factory et l'atmosphère volontairement décousue du film). Puis, alors que le film est largement entamé, une trouée musicale, où l’on assiste au défoulement de Blake sur ses instruments, tout seul, comme un môme, sans aucune prétention de créer quoique ce soit. Et puis il y a aussi une « amie » qui vient le voir pour le rappeler malicieusement à ses devoirs de père et de musicos leader d ‘un groupe, ou exactement de quoi le faire disparaître dans un  monde où on ne viendra pas l’emmerder.