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ARS TENEBRIS
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American psycho - What the F...?

American psycho - What the F...?

american-psycho1.jpg"Il existe une image de Patrick Bateman. Une sorte d’abstraction. Mais je n’existe pas vraiment. Ce n’est qu’une entité, quelque chose d’illusoire. Et bien que je puisse cacher mon regard froid, que vous puissiez me serrer la main et sentir ma chair s’agripper à la vôtre, vous pourriez vous dire que nos vies sont comparables. Mais je ne suis tout simplement pas là." extrait de "American psycho"

Si on a pas lu le livre, on est peut-être plus ouvert à la version filmée de “American psycho” se laissant embarquer par le personnage fascinant de Bateman interprété par Christian Bale. Celui-ci semble avoir une prédilection et un talent indéniable pour jouer les maniaques insensibles, comme par exemple dans “Equilibrium” où la société entière est peuplée de psychos médicamenteux, les émotions étant bannies du fait qu’elles seraient à l’origine des guerres. La colère est tabou et l’amour aussi, et Christian Bale se rebellant accidentellement  va retrouver au cours du film ses émotions et un visage humain. Dans “American psycho” ce n’est pas du tout le cas, il va au contraire se dévoiler de plus en plus monstrueux, définitivement irrécupérable dans son cynisme destructeur.

"My pain is constant and sharp, and I do not hope for a better world for anyone, in fact I want my pain to be inflicted on others." (ma douleur est aigüe et permanente, et je ne rêve pas d'un monde meilleur pour qui que ce soit, en fait je veux que ma souffrance soit infligée aux autres") extrait de American psycho

AMERICAN-psycho2.jpg

 Il n’existe pas en tant qu’humain comme s’il s’était dans un acte d’automutilation extrème, amputé de son âme, de son humanité, par dégoùt du monde et de lui-même. Il est en fait profondément honnête étant  conscient de ce qui traverse son esprit et de la nature immonde de ses actes de sadisme flamboyant, sans pour autant ressentir quoique ce soit. Il évolue dans le monde ultra-matérialiste et superficiel des “yuppies” et l’on peut se demander si la thèse du film est seulement de démontrer la perversion d’un système capitaliste décadent en posant Bateman en victime.

Victime ou pas l’environnement ultra privilégié, une réussite sociale apparente, fait contraste avec son malaise intérieur intense, et lui permet justement d’avoir tout le loisir de cultiver sa psychose. Il n’y pas de gore, tout est suggéré et emballé dans un humour décalé délicieusement excécrable. On espère parfois qu’il va devenir lucide quelques minutes et contempler le spectacle du carnage dont il est l’auteur, et c’est bien ce qui va lui arriver à la fin quand il se prend tout son merdier en pleine figure. Il panique, suffoqué par sa propre monstruosité, avoue pour se décharger, se rendre et espère ainsi mettre fin à son calvaire, se faire soigner. Mais non, il n’ a pas le droit au jugement et à la prise en charge administrative, il doit remballer sa marchandise et l’avaler, on ne le croit pas, et finalement, il n’a probablement pas perpétré ses crimes les ayant juste fantasmé dans son esprit malade. On était juste dans sa tête pour 2h pour voir comment ça fait d’avoir envie d’exploser tous les cons qui nous entourent, d’assouvir nos déviances sexuelles et égocentriques, de vraiment péter les plombs. On a tous un peu de ce psycho en nous, mais si on le capte, on le planque bien vite en espérant qu’il ne revienne pas nous hanter.