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ARS TENEBRIS
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Amer (2010)

Amer (2010)

Une petite fille seule, dans une grande masure  sinistre quelque part, des adultes sont là mais comme séparés par un rideau de discrétion permanent. On sent la scission très nette entre le monde des adultes et celui de l’enfant, aucune tendresse ni chaleur. Seule face à ses craintes et ses fantasmes, poursuivie par une créature voilée de noir qui lui veut visiblement du mal sans pourtant arriver à la piéger. Elle s’immisce dans la pièce où se trouve le cadavre de son grand-père, explore du regard, touche le corps, un doigt craque, peut-être une tentative d’humour macabre sans pour autant y glisser franchement. L’univers intérieur de l’enfant se construit dans ce  symbolisme personnel, à travers ce qu’elle perçoit de l’amour charnel de ses parents, de la mort, de la haine qui la poursuit.
On la retrouve un peu plus loin, à l’adolescence, elle marche avec sa mère sur une route goudronnée en plein soleil dans un paysage méridional. On sent le sud, la chaleur, les couleurs vives; Les 2 femmes marchent côte à côte, toutes 2 belles à 2 âges différents, mais ne communiquent pas vraiment sauf par le regard. Regards durs qui se protègent, jaugent, dominent et ne donnent rien. Rivalité entre les deux femmes. Puis s’ensuit une scène où la jeune fille met sa sensualité à l’épreuve en déambulant lascivement devant une rangée de motards tout cuir,  pour en être arrachée par sa mère folle de rage. Le tout est filmé de façon à donner l'impression d'une acuité des sens, une intensité dérangeante qui n'explique rien. Très peu de dialogue, tout est suggéré et l’interprétation varie certainement d’un visionnement à un autre et d’une personne à l’autre.

 

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Puis finalement, crescendo, on atteint l’âge mur, elle semble avoir l’âge de sa mère dans la phase précédente. L’homme, encore cuir, brutal, voire bestial, qui l’attend sans l’attendre puisqu’il est chauffeur de taxi…pas d’amour, solitude, érotisme, fantasmes et fiel sont toujours son lot, et l’intensité de l’atmosphère dans le taxi ne laisse pas d’équivoque. Il la dépose sur le lieu de son enfance déserté, la demeure sinistre, temple de ses souvenirs exécrables où elle revient  mue par une attirance malsaine. Dans l'acte final, au cœur du théâtre de ses angoisses et fantasmes,  la sensualité et la perversion sanglante s'entremêlent donnant naissance à un monstre visuel au goût intensément amer...