La coalescence désigne un phénomène où deux choses, naturellement séparées, viennent s'unir de nouveau.
A la croisée des chemins de l’appel d’une quête intérieure et d’une vie pleinement vécue dans le monde, le modus vivendi du gyrovague implique de créer les conditions favorables au développement spirituel dans un contexte personnel. Les plaisirs et défis de la vie quotidienne de l’homme moderne deviennent les expressions et les outils d’une transcendance sacrée.
Tau Palamas, l’auteur de l’ouvrage « Coalescence » actualise cette voie ancestrale, et incarne l’idéal du « moine » séculier et père de famille vivant dans le monde sans être du monde. Il partage simplement sans être simpliste les perles de sagesse recueillies au cours des années d’un mode de vie inspiré d’une tradition pérenne.
Notre époque, où se mêlent toutes les traditions spirituelles, les intégrismes religieux, le renouveau occulte et les gourous du nouvel âge est source de confusion et pour certains synonyme d’un désert aride où l’âme peine à s’abreuver à une source revigorante. L’accessibilité à toutes les formes de connaissance est certes une liberté dont nous pouvons être reconnaissants mais demande aussi de la discrimination dans ce dédale de perdition chaotique où le meilleur engendre parfois le pire.
Le besoin de trouver un sanctuaire en soi, de construire son temple et vivre selon ses propres préceptes au cœur d’une existence trépidante parfois nomade, est essentiel pour ceux qui ne veulent pas se retrouver absorbés par le futile, noyés dans une mer nauséabonde de mercantilisme, et finalement gâcher l’Essence sacrée de leur vie. Le modèle du moine abandonnant les illusions ou « tentations » du monde pour se concentrer sur la recherche du divin, n’est plus aujourd’hui l’unique alternative. Une approche non duelle est bien souvent davantage privilégiée du fait des possibilités quasi infinies de participer à des retraites tous azimuts, de faire l’expérience de substances psychédéliques, et de lire sur tous les sujets sans aucune censure. Le feu intérieur brûle toujours autant aujourd’hui chez ceux dont l’âme incandescente ne trouve pas de repos dans une existence de platitude matérielle.
Tau Palamas aborde en profondeur et de façon extensive les aspects d’une vie laïque inspirée et guidée par les traditions et ordres ésotériques avec qui il est ou a été en contact et les enseignements qu’il a tiré de ses expériences personnelles.
Artiste accompli, il exprime à travers ses créations picturales ce qui ne peut être confiné dans la forme limitée des mots. Le mystère et la joie transparaissent dans ses illustrations colorées issues d’un contact avec une altérité impalpable.
Ce livre précieux tant dans la forme que dans le contenu n’étant pas traduit en français, je me permets de traduire de l’anglais certains passages dont la substance m’a semblé pertinente.
"Coalescence" de Tau Palamas édité par Transmutation Publishing
En acceptant la totalité des expériences spirituelles accumulées et assimilées au cours des années, je me suis naturellement retrouvé en phase avec des « moines » de type très varié, sans domicile fixe, qui ne se sont pas engagés en prenant des préceptes de stabilité, les Gyrovagi. Le gyrovague est un explorateur indépendant des mondes spirituels et réalités mystiques. Il est un moine en mouvement, acceptant l’hospitalité qui lui est offerte. Il ne s’agit pas ici d’hospitalité au sens littéral ; Cela signifie œuvrer en acceptant les bannières et ordres sous lesquelles il cherche l’insondable, tout en sachant que la carte n’est pas le territoire ; le chemin spirituel n’étant pas défini par les institutions. (…) Le gyrovague n’est pas pour autant anti-traditionnaliste. Il ou elle a tendance à travailler avec de multiples traditions, en formant sa propre loi, pas dans un vague sens éclectique mais dans le but de synthétiser ses expériences de façon à méditer sur l’ensemble des richesses de son monde intérieur et en recevoir pleinement les fruits. L’expérience étant valorisée par rapport à la tradition, le gyrovague est un gnostique par nature.
Le mode de vie du gyrovague appartient à un courant reconnaissant que le cercle est la meilleure forme symbolique du divin. Loin d’aller nulle part, le cercle sacré démontre l’unité, l’interdépendance et l’éternelle nature de l’énergie. Le symbole originel du gyrovague est le serpent ailé et couronné se mordant la queue, une forme particulière de l’Ouroboros. La couronne se réfère à la reconnaissance du centre intérieur sacré, et son héritage divin et royal. Les ailes symbolisent la liberté de mouvement et de pratique du gyrovague, inspiré par son orientation personnelle d’étude et de questionnement. Finalement, le serpent se mordant la queue est le symbole de la compréhension par le gyrovague que la fin est le début, que Kether est dans Malkuth et Malkuth dans kether, que rien n’est plus haut, mais seulement plus profond.
Croire aux mensonges de l’espoir mène au désespoir.
Le message d’être sauvé par le Zéro est optimiste parce que nous réalisons que nous n’avons pas à être sauvé de quoi que ce soit, et par là, nous n’avons aucun besoin d’un sauveur. Il nous incombe d’espérer un peu moins. Cela ne signifie pas être désespéré, mais plutôt de ne pas croire le mensonge d’espoir que ce que vous souhaitez, que la vie dont vous rêvez est au coin de la rue. Demain n’arrive jamais. Il y aura des jours de désespoir et de découragement. Il y aura des jours de stimulation et de tension. Il y aura des jours où rien ne se fait lorsque nous tentons de construire l’édifice de nos vies. Acceptez-les avec gratitude parce qu’ils contiennent une énergie latente, un centre ardent qui génèrera une action quand le moment sera venu. Mais ce moment n’est peut-être pas aujourd’hui, et attendre dans le désespoir en attendant quelque chose de meilleur est choisir une vie de lâche. Soyez le désespoir que vous ressentez aujourd’hui. Totalement. Sans espoir.
Quel est l’antidote de l’espoir ? Agir maintenant comme nous pouvons et confier nos inquiétudes au lendemain. La vie que nous connaissions ou celle dont nous rêvons n’est peut-être pas aussi satisfaisante et paisible qu’on l’imagine, et dans certains cas ce que nous espérons peut s’avérer potentiellement pire que notre état actuel. En d’autres mots, embrassez la réalité.
Distinction ne signifie pas séparation.
Vous êtes une occurrence positivement, absolument unique dans l’univers. L’organisme conscient que vous êtes ne se reproduira jamais. C’est l’unique chance de cette forme particulière que vous êtes de gratifier la terre de votre présence, de cette façon et durant cette époque. Vous êtes distinct mais cela ne signifie pas que vous êtes séparé.
L’ermite est seul dans sa grotte et apparemment séparé mais il se sent lié au Tout. Il existe des liens invisibles dans toutes les directions, nous connectant au ciel, aux arbres, à l’air, aux animaux, aux insectes, aux plantes, aux humains, aux étoiles et tout le reste.
Un des malentendus les plus courants du néophyte des traditions ésotériques est que l’expérience profonde et intense de la conversation avec le Saint Ange Gardien est le nec plus ultra sur le chemin de l’initié. L’union entre l’initié et son Ange est un mariage mystique inoubliable qui change le cours de sa vie, mais ce n’est pas la fin du voyage. En fait, Ce n’est que le début de l’exercice de la volonté pure de l’initié.
Comment pouvons-nous développer la dévotion passionnée et juste pour l’Ange ou pour notre Centre Sacré si nous ne sommes jamais tombés amoureux sur le plan terrestre ? L’union sexuelle entre deux amants passionnés est bien plus que le symbole du mariage divin. Pour ceux qui sont intimement liés, c’est faire l’expérience du Hieros Gamos. La vie doit être vécue intensément et l’influence électrique de l’amour vivifiera notre créativité morne, ennoblira nos emplois apparemment dénués de sens, et rendra paradisiaque le plus simple des appartements.
L’amour gnostique est l’accomplissement d’une opération magique au sein d’un couple sacré. C’est une relation entre deux personnes par-delà le temps et l’espace, ouvrant les portes de l’empyrée. C’est un amour romantique mais bien plus. Le gyrovague se doit d’être prudent en lisant des ouvrages sur la magie sexuelle dénuée de sentiments. Cela peut être efficace techniquement, mais la clé opérative qu’est l’amour en est absente. Se perdre totalement dans l’autre, annihiler l’ego séparé dans une joie fougueuse et entrer dans les courants de conscience supérieure dans les bras de l’être aimé, c’est ce que signifie l’amour gnostique.
« Je commence juste à déguster mon second verre de ce poison fascinant et subtile, dont les ravages dévorent le cœur et le cerveau de l’homme, que je n ‘avais jamais gouté dans ma vie. Et comme je ne suis pas un américain angoissé d’un effet fulgurant, je ne suis pas surpris, ni déçu de ne pas tomber raide mort sur place. Mais je peux me délecter des âmes sans l’aide de l’Absinthe, et çà, c’est la magie de l’Absinthe ! L’esprit de la maison est entré en elle. C’est un élixir, le grand œuvre de l’alchimiste, pas un vin vulgaire. » Aleister Crowley
L’absinthe est pour moi un véritable sacrement, c’est le signe extérieure d’une grâce intérieure. C’est la voie de l’illumination donnant naissance à la muse de l’artiste. J’ai pénétré le domaine des esprit grâce à cette potion.
TAU PALAMAS est Franc Maçon, Martiniste, Evêque Gnostique, Mage Byzantin et Abbé de L’Ordo Girovagus and de la Rose+Croix Byzantine, il a exploré en profondeur les domaines intérieurs de La Gnose Voudon, défrichant un sentier qui est la fois, pratique, métaphysique et artistique.