La splendeur de l'être ténébreux - Extrait de Paradis Perdu de John Milton

"Mais hélas ! Combien déchu, combien différent

De celui qui, revêtu d’un éclat transcendant,

Dans les heureux royaumes de la lumière, surpassait en splendeur

De brillantes myriades…

Au-dessus du reste

Par sa taille et sa contenance superbement dominatrices,

Se dressait comme une tour. Sa forme n’avait pas encore perdu

Tout son éclat originel ; il ne paraissait rien de moins

Qu’un archange tombé, un excès de splendeur obscurcie.

Tel le soleil nouvellement levé, tondu de ses rayons,

Regarde à travers l’air horizontal et brumeux ;

Tel derrière la lune, dans une pâle éclipse, il répand un crépuscule funeste

Sur la moitié des peuples et par la crainte des révolutions

Rend les rois perplexes. Tel, ainsi obscurci, brillait encore,

Au-dessus de tous ses compagnons, l’archange. Mais son visage

Est labouré de profondes cicatrices, et l’inquiétude

Est assise sur sa joue fanée, mais sous les sourcils

Un courage indompté et un orgueil réfléchi

Attendent la vengeance. "

Paradis Perdu - John Milton