Dans la première nouvelle (Le Restaurateur de réputations) du recueil de Robert W. Chambers « Le Roi en Jaune » (1895), il décrit une société totalitaire dans le futur d’alors en 1920 où le gouvernement institue une Chambre Létale pour le bon fonctionnement général. Il s’agit d’offrir à tous ceux qui le désirent l’accès à une mort rapide et sans douleur sans plus de cérémonie. Une idée qui dérange sans aucun doute quand on voit la résistance à l’euthanasie dans nos sociétés dites modernes, même en cas de maladie grave et incurable. D’où vient cette moralité déplacée dans un monde surpeuplé où les ressources manquent, où les suicides de désespérés se multiplient et où la compassion est absente quand il s’agit d’abréger des souffrances insupportables ?
A quoi bon refuser d’en finir à ceux qui ne veulent plus vivre ? L’idée que la vie doit triompher de la mort coûte que coûte est en soi un non sens. La mort physique finit toujours par avoir le dernier mot, ce n’est qu’une question de temps. Le choix incombe à l’individu en possession de ses moyens de décider en sa conscience propre de mourir dans la dignité, quand il le souhaite. La société devrait soutenir une telle démarche en pourvoyant les moyens nécessaires les plus humains possibles au lieu de se voiler la face en refusant de briser un tabou. L’exécution, infliger la mort est une punition (la peine de mort) quand elle est imposée contre le gré de la personne. Mais quand elle est souhaitée, elle est refusée au nom de principes nébuleux.
Le culte de la vie à tout prix est une hypocrisie. A qui profite-t-elle?