"Sans doute, il est difficile d'apercevoir, clairement et distinctement, l'unité de la mort, ou de la conscience de la mort, et de l'érotisme. En son principe, le désir exaspéré ne peut être opposé à la vie, qui en est le résultat. Le moment érotique est même le sommet de cette vie, dont la plus grande force, et l'intensité la plus grande, se révèlent au moment où deux êtres s'attirent, s'accouplent et se perpétuent. Il s'agit de la vie, il s'agit de la reproduire, mais se reproduisant la vie déborde: elle atteint débordant le délire extrême. Ces corps mêlés, qui, se tordant, se pâmant, s'abîment dans des excès de volupté, vont à l'opposé de la mort, qui les vouera, plus tard, au silence de la corruption. En effet, selon l'apparence, à tous les yeux, l'érotisme est lié à la naissance, à la reproduction qui sans fin répare les ravages de la mort. Il n'est pas moins vrai que l'animal, que le singe, dont la sensualité s'exaspère, ignore l'érotisme. Il l'ignore justement dans la mesure où la connaissance de la mort lui manque. C'est au contraire du fait que nous sommes humains, et que nous vivons dans la sombre perspective de la mort, que nous connaissons la violence exaspérée, la violence désespérée de l'érotisme." Georges Bataille - Extrait de "Les larmes d'Eros"
à propos du blog
Une spéléologie au cœur des ténèbres pour ceux qui ne craignent pas de pénétrer les mystères défendus. L’Occulte, l’Enfer, le Mal et son origine, Satan, le Malin et ses Démons, le Gothique, l’Epouvante, la Mort, l’Amoralité, autant d’épouvantails dans le champs de la conscience où s’entrelacent étroitement le meilleur comme le pire. La peur ne résiste pas à l’observation scrupuleuse d’un phénomène, elle se transforme en fascination pouvant tourner parfois à l’obsession.