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ARS TENEBRIS
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The Walking Dead: une apocalypse bio

The Walking Dead: une apocalypse bio

Les zombies puent, dégoulinent de putréfaction, grognent, se déplacent en troupeaux, nous bouffent comme des porcs et sont complètement cons. Pour toutes ces raisons, il m’a fallu traverser un désert de séries TV pour enfin daigner jeter un œil à TWD.

Dans un monde post-apocalyptique, je m’attendais à passer une bonne cinquantaine d’heures dans un décor industriel et angoissant ce qui n’est pas du tout le cas. Les décors sont variés, et plutôt champêtres. Dans les deux premières saisons, le ciel est très bleu, l’herbe bien verte et on se croirait presque dans « Lost » avec ce groupe d’individus se battant pour leur survie dans la nature. Il y a de ça dans le thème, on s’attache aux personnages, on s’identifie à fond, l’adrénaline coulant à flots dans nos veines quand ils sont en danger mais ce n’est pas ça qui rend accro.

Dans le stress majeur d’une catastrophe planétaire ayant anéanti presque la totalité de l’espèce humaine, on ressent presque une paix tangible, et c’est ça la surprise. Et on se surprend à réfléchir sur la civilisation et ses « bienfaits » anéantis. Plus de pollution, d’agitation, plus de bruits industriels, plus d’impôts, de contrôle social, de boulot, de métro, d’embouteillages, de factures, de télé, de files d’attente, d’internet~~d’argent ( !)…et c’est comme un vrai soulagement. Libération des plaies du monde moderne par un moyen écolo. La planète est sauvée. Le monde appartient aux survivants ou presque si on oublie les zombies. Ils se déplacent très difficilement, n’ont aucune capacité de réflexion, ni instinct et ne sont en somme qu’une force brute très massive et primitive. Pratiquement une catastrophe naturelle. Même si ce n’est pas évident, le contrôle de la situation ne semble pas impossible à plus ou moins long terme pour des humains organisés et ingénieux.

L’obstacle majeur est la nature humaine elle-même. TWD n’est pas une série sur les zombies mais sur les relations entre les hommes, sur la vie et la mort, le destin, la morale, le pouvoir et l’affection. La situation extrême des personnages permet de voir clairement les illusions, les dilemmes et motifs derrière les actions. Ils n’ont plus aucune représentation du monde où ils vivent si ce n’est un « ici et maintenant » très limité et un passé qui n’existe plus. Ils ne savent pas grand-chose mais présagent le pire. Ils sont dans une incertitude proche d’une certitude nihiliste. Ne pouvant plus s’accrocher à rien ils s’accrochent les uns aux autres par l’amour, le pouvoir, l’espoir, le partage et les conflits. Chacun interroge sa morale personnelle pour lui servir de boussole dans ce monde où il n’y a plus de règles.

L’état de zombie permet aussi une réflexion sur l’attachement aux défunts et au passé. Ils étaient nos proches mais ils ne sont plus ceux que nous aimions, ce sont des choses aliènes, qui n’ont plus rien d’humain et constituent même un danger alarmant. Les morts nous empêchent de vivre, laissez les partir, tuez-les pour de bon. Peut-être est-ce l’unique morale de l’histoire.

The Walking Dead: une apocalypse bio