En 1890 le « Club Thirteen » fut créé à Londres par l'historien William Harnett Camberwell Blanch dans le but de défier la superstition et prouver que ce ne sont que de vieilles croyances dont on ferait mieux de se débarrasser. Les membres du club se réunissaient le 13 de chaque mois pour un diner où ils étaient 13 à table, portant des cravates vertes avec des mini squelettes à la boutonnière. Les repas étaient servis par deux maîtres d'hôtel ayant un strabisme qui annonçaient le diner en brisant deux miroirs.
On passait sous une échelle pour accéder au salon et les tables étaient décorées de chats noirs et chaudrons de sorcières. On se devait de renverser du sel avant de commencer le repas.
Le club avait de nombreux membres, y compris de grands journalistes et politiciens de l’époque, et leurs frais d'adhésion étaient distribués aux pauvres. Oscar Wilde, avait toutefois, refusé de se joindre au club en disant : « J’adore les superstitions. Elles sont l'adversaire du bon sens ».
Malgré ce mépris affiché des superstitions, le "London Thirteen Club" avait un taux de mortalité très faible - seulement un membre serait mort, et il avait omis de payer son adhésion.
Quand on dit « j’ai de la chance » ou « je n’ai pas de chance », on imagine que « quelque chose » d’omniscient s’occupe de notre cas comme si nous étions le centre du monde. Bien plus terrifiant est le fait d’envisager que la réalité est un chaos cosmique au sein duquel nous sommes d’insignifiants facteurs d’interactions hasardeuses.
Une autre alternative est de décider que le hasard n’existe pas dans le sens où chacun peut prendre son destin en main, faire des choix judicieux, développer une certaine maitrise des mécanismes de cause à effet, favorisant ainsi les circonstances visées. Il faut parfois essuyer des échecs avant d’atteindre le but désiré, sans pour autant être victime de malchance mais plutôt d’une combinaison de facteurs défavorables, d’une mauvaise préparation ou d’une étape nécessaire dans un apprentissage. Ce sont des processus et non des malédictions.
Cette vision n’exclue pas l’existence d’une conscience cosmique ou la présence de forces invisibles dans l’univers, mais demande une approche plus scientifique de ces phénomènes par l’observation et la déduction de façon à les utiliser et les maitriser. C’est une rationalisation de ce qui semble ne pas l’être tout en ayant à l’esprit que le contrôle absolu est une utopie, et qu’il faut parfois avoir la sagesse d’accepter l’échec ou la tuile.